poitiers

La Vienne, il y a bientôt 100 ans

Auteur(s) : Gérard SimmatPages : 115
Parution : Juillet 1998Chapitres : NC
Éditeur : Editions Alan Sutton Prix indicatif : 30 €
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La Vienne, il y a bientôt 100 ans

Au sein de la région Poitou-Charentes, le département de la Vienne issu de l'ancien Poitou historique, connaît un essor touristique extraordinaire en cette fin du 20e siècle. (...) Vouloir donner aux lecteurs une "vue" des 38 cantons il ya 100 ans était un pari audacieux. Une sélection de 150 photographies anciennes et de nombreux textes extraits de journaux d'époque, d'ouvrages d'auteurs locaux, ou encore de ce parler patois, particulier à chaque canton, vont tenter de la gagner. De nombreux acteurs de ce départment rural, vont ainsi revivre, pour notre plus grande joie, au détour d'un morceau de phrase ou d'un coin de photographie. On s'apercevra, alors, que peu de choses ont changé: il reste, sous ce vernis technologique, l'être humain et ses caractères... mais ça, ce sont bien d'autres histoires !


Quelques extraits du livre

(page : 14)

Un des charmes du Montmorillonnais, ce sont ses rivières. Leurs vallées, orientées pour la plupart du sud au nord, coupent de grands plateaux agricoles, conquis sur d'anciennes brandes et laissent au touriste la surprise de sites souvent agréables, parfois grandioses. La Vienne y déroule son cours majestueux, dans un large décor extrêmement varié. La Gartempe y garde une intimité plus secrète et plus sauvage. Enfin, c'est une foule de clairs et frais ruisseaux qui se cachent sous les aulnes, les frênes ou les aubiers au milieu des prés verts. (...) Point de grandes forêts, mais partout des boquetaux, des têtards autour des champs, des peupliers dans les vallons, quelques landes encore où se dissimule un abondant gibier. On se surprend encore à rêver des chasses à courre de notre enfance (...) "Promenades dans le Montmorillonnais", abbé A. Têté, 1934.

(page : 27)

Sous des apparences frustres, la nature, chez qui tout concourt à l'harmonie, façonnait à nos ancêtres des âmes d'artistes. Depuis leurs meubles jusqu'aux plus petits objets d'usage journalier, tout portait le cachet de l'artisan probe, sensé et consciencieux. Cela composait une atmosphère reposante qui s'éclairait doucement quand les flammes dansantes du foyer posaient une lueur sur les landiers, les pelles et les pincettes en acier forgé de main de maître, et envoyaient de joyeux reflets jusque sur les vieux meubles de noyer, de cerisier ou de chêne massif où l'on se mirait comme à la fontaine. Les fauteuils rustiques et les chaises aux lignes sobres étaient confortables et accueillants; les bourgnes, les palissons d'une solidité à toute épreuve, que les hommes fabriquaient à la veillée, mêlaient l'or de la paille de seigle au brun de l'écorce de ronce; les cuivres des fours de campagne, des poissonnières, des chaudrons, des bassinoires, mettaient un rayon de soleil là où ils étaient accrochés, tandis que les vieux plats d'étain et les porte- dîner renvoyaient des lueurs d'eau dormante (...) "Le paysan Poitevin et l'artisanat rustique", Francine Poitevin, 1936.

(page : 31)

Proposition de loi Art. ler : La fabrication du pain est interdite la nuit, c'est-à-dire entre neuf heures du soir et cinq heures du matin. Cette interdiction s'applique à tous les travaux qui, directement ou indirectement, concourrent à la fabrication du pain. Art. 2 : Les conseils municipaux, après avoir entendu les syndicats ouvriers et patronaux, ou, à défaut de syndicats, après avoir fait une enquête auprès des inté ressés et après avis conforme de l'inspecteur du travail, peuvent autoriser, par délibérations qui peuvent être renouvelées tous les quinze jours, le travail de nuit durant les fortes chaleurs.

(page : 43)

Proverbes poitevins O n'est pas la vache qui brame la pus fort qui beurre la mais. O foait pas trejous bon de mettre le naie à l'abeuillère. O ne faut jamoais ach'taie in leuvre dons n'in sac. Chat échaudé craint l'aive fraide. Faut pas comptaie l'uff dans le tchiu de la poule. Chevau baillé n'on Il regarde pas dons la goule. On n'engraisse pas les gorets à l'aive cllaire. Lavoure que la chebre est attachaie, o faut qu' a broute. O n'est pas trejous l'âne qui gagne l'avaine qui la meinge. Tant moais le bouc put moais la chebre l'aime. Chein onragé regarde pas voure que le mord. Sourit qui n'a qu'in crû est beintout prise.

(page : 54)

De toutes les villes traversées par le chemin de fer de Bordeaux, Châtellerault est peut-être celle qui produit la plus vive impression de bien-être et d'élégance. Ses rues régulières, bien pavées, bordées de coquettes maisons en pierres de taille, les nombreuses villas semées sur les côteaux, laissent un agréable souvenir au voyageur. Et pourtant on est reçu, au propre et au figuré, avec le couteau sur la gorge. Si l'on met le visage à la portière ou si l'on descend sur le quai, on voit aussitôt accourir de braves femmes vous offrant des ciseaux, des canifs, des tire-bouchons et autres produits de l'industrie locale bien que Châtellerault ne fasse pas un seul couteau de poche et pas le moindre ciseau ! Châtellerault n'a guère d'autre industrie; les femmes y brodent des fonds de bonnets; la richesse du terroir en fruits et en légumes a fait naître une fabrique de conserves alimentaires, mais le commerce est surtout agricole, grâce à une région où les nouvelles méthodes de travail des champs ont beaucoup progressé. "Voyage en France", Ardouin-Dumazet, 1901.

(page : 65)

Note sur un procédé de déménagement d'une bibliothèque publique La bibliothèque municipale de Poitiers contient environ 70 000 volumes. Elle a été transférée du 23 au 28 avril 1900 dans une ancienne église aménagée provisoirement à cet effet, pendant la reconstruction aujourd'hui commencée, des anciens bâtiments. En dehors des vacances régulières de Pâques, le service du public n'a pas été interrompu plus d'une semaine. (... ) Le premier de ces procédés, purement matériel, consiste dans l'aménagement des voitures destinées au transfert. Celles-ci furent garnies, sur trois de leurs côtés, de six rayons superposés.

(page : 83)

L'oie blanche du Poitou : matière première d'une industrie particulièrement intéressante L'oie blanche du Poitou, dont nous vous avons donné les caractéristiques, est élevée pour sa peau, grande, souple et garnie d'un épais duvet blanc. Cette peau est utilisée, comme celle du cygne, dans la mode. Elle appelle un soin spécial des sujets qui la fournissent et une préparation industrielle : c'est ce genre d'élevage spécialisé pour la production de la peau qui est une source de revenus très abondante dans notre région poitevine. On estime la production du département de la Vienne et du Poitou à 12 000 douzaines, représentant une valeur de 2 millions de francs.

(page : 93)

Emile Georget est victorieux. Paris, 27 mai. Rarement course Bordeaux-Paris fut plus âprement disputée. C'est seulement à partir de Tours que les meilleurs hommes ont pu se débarrasser de certains de leurs adversaires. A Blois, ils étaient huit capables de gagner, et à Orléans, six étaient encore là près à entamer une lutte terrible pendant les 150 derniers kilomètres de cette dure épreuve. Emile Georget, Petit-Breton, Faber, Garrigou, Salmon et Léonard étaient bien décidés à ne plus se làcher jusqu'à l'entrée du vélodrome du parc des Princes (...) Fïnalement, Georget réussit à renouveler sa victoire de 1910, pénétra tout seul sur la piste du vélodrome du parc des Princes et coupa la ligne à 4 heures 4' 5", soit 19 heures 34' 7" après avoir quitté Bordeaux. "L'Avenir de la Vienne", Mai 1911.

(page : 101)

C'est demain mardi 20 que la caravane des noirs arrivera à Poitiers. Les noirs prendront place dans les voitures de la Compagnie d'Orléans et seront conduits à leur campement, vrai village africain. Un coin du Soudan et du Sénégal sera donc visible au public à partir de demain 3 heures de l'après-midi. Madame Gravier qui en est à sa dixième année d'exhibitions a su réunir une troupe présentant des types différents comme aspect et comme profession. Nous y touverons le cordonnier, le bijoutier, le graveur, etc., qui chacun dans leur genre montrent une exécution parfaite des travaux qui leur sont dévolus. Disons que les entrées au village noir seront fixées à 1 fr. pour les grandes personnes et à 0,5 fr pour les enfants et les militaires. Le village noir est desservi par deux portes l'une donnant accès à l'Exposition industrielle et l'autre sur la route de Bordeaux à l'angle du cirque, celle-ci ne donne accès qu'au village noir. Messieurs les amateurs de photographies seront autorisés à prendre dans le village des vues instantanées seulement. "L'Avenir de la Vienne", 1899.

(page : 111)

Piquer une ironie à la pointe des oriflammes, verser même une goutelette d'amertume sur les roses blanches ou rouges qui servaient de parure à la fête et la fleurissaient de cette même fraîcheur qui orne le corsage d'une femme jolie, effleurer d'une critique ce qui, à la cathédrale du moins, fut sans reproche, ce serait aisé peut-être, mais malséant. Il y a de par le monde assez de ridicules courant la rue, assez de vanités débordant du haut du trottoir, assez de sottises galopant de tous côtés la bride sur le cou pour que l'ironie s'y accroche et s'y fixe. La cérémonie de la cathédrale a été belle, grandiose, somptueuse : nous aurions mauvaise grâce à le cacher, nous ne serions pas sincères.



Gérard SIMMAT
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