Quand les Poitevins racontent Poitiers
Auteur(s) : Gérard Simmat et Laurence Chegaray | Pages : 128 |
Parution : Novembre 2000 | Chapitres : 10 |
Éditeur : Editions Alan Sutton | Prix indicatif : 18,29 € |
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Faire parler les poitevins de leur capitale régionale n'est pas une mince affaire, mais quand ils sont en confiance et livrent leurs anecdotes, les richesses de la ville remontent à la surface. Dans cette cité chargée d'Histoire, ancienne capitale de la France, va ressurgir une façon de vivre, commune à toutes les époques, hier comme aujourd'hui. (...) Les secrets de cette vie provinciale, petits et grands, nous sont dévoilés par cette transmission orale, mémoire du souvenir, mémoire du coeur et de l'âme, loin des thèses, des mémoires et des ordinateurs. C'est un livre émouvant, inattendu, attachant, qu'il est indispensable d'offrir en cette fin de siècle à tous ceux qui, de près où de loin, vivent de corps et d'esprit avec cette ville chaleureuse et accueillante.
Quelques extraits du livre
Activités sportives et culturelles (page : 96)
«Le vélodrome en bois avait été construit par monsieur Greleau, menuisier installé en face de la poste, à côté du Basque. On y concourait pour le «Pas Dunlop». Le père Dudognon l'a emporté vers 1937-38. Paul Maille l'avait aussi gagné et chantait à tue-tête...» Entre les courses, étaient données quelques attractions sur la piste du vélodrome, souvent en rapport avec le vélocipède. Ce cliché date des années 30. Madeleine Dudugnon
Commerçants et artisans (page : 69)
" L'atelier de bonneterie du Pont-Joubert, d'abord situé aux Dunes sous la direction du parrain de mon père, Gustave Millet, était construit au milieu du jardin en grande partie en bois et en vitres, dans le style du début du siècle. La cave contenait les réserves de laine qui arrivaient par balles de Roubaix et Tourcoing. Au rez-de-chaussée, il y avait deux bobinoirs : un qui mettait en bobines les écheveaux de laine paraffinés et l'autre qui reprenait les bobines pour les mettre sur des cônes, qui passaient aux métiers à tricoter. Il y avait huit métiers à tricoter, tous électrifiés. Suivant la mode, on faisait du tricot jacquard (suivant un motif dessiné par mon père), de l'uni, de la rayure. Certains métiers descendaient le tricot au mètre, d'autres des morceaux de pull-over avec bord côte. (...) " Jacqueline Gagnon
Ecoliers, apprentis et étudiants (page : 29)
J'ai passé l'année de PCN (Physique Chimie Naturelles) à la Faculté des Sciences. A ce moment, tout bachelier pouvait s'y inscrire. Il fallait passer le PCN pour intégrer la fac de Médecine. Poitiers et Tours étaient des écoles préparatoires, d'autres étaient de plein exercice et servaient de facultés. On pouvait valider ses deux premières années à Poitiers. J'ai fait ma troisième année comme interne à Poitiers et j'ai passé mes examens à Nantes. Les professeurs de première année venaient, eux, le plus souvent, de Bordeaux. Nous étions vingt étudiants en première année, douze en deuxième année et seulement trois en troisième année sur place, qui occupions les places d'internes. Il y avait Perdoux, Foucault, Ferlane... Un quatrième interne, à Pasteur, s'occupait uniquement de l'asile. Nous étudiions surtout l'anatomopathologie pendant cette année : il y avait peu de cours, surtout de la pratique. (...) » Jean Landry
Enfance et lieux d'enfance (page : 14)
« Je suis née rue Jules Ferry, en 1914. Ma mère a été accouchée à domicile par une vieille sage-femme, madame Gauthier, qui n'avait pas de clinique. Elle était très sale et on l'appelait « madame Guette au Trou ». Elle a accouché une grande partie des femmes de Poitiers, à cette époque. Puis j'ai habité Grand'Rue trois ans, avant d'aller rue Cornet, vers 1917-18. Mes souvenirs de la rue Cornet étaient l'accueil des Poilus à cheval avec une gerbe, sur le pont Joubert, en 1918, déguisée en Alsacienne. Ma mère, qui adorait le bateau, m'emmenait sur une barque jusqu'au pont Neuf. Dans la maison Guillon d'en face, de l'autre côté du Clain, la petite fille passait sur le Clain sur une bicyclette à flotteurs, construite par son père, qui était mécanicien. C'était l'amusement de ce temps-là. J'allais jouer chez mon amie Grelot, dans un jardin qui donnait dans l'escalier des Dunes. Le coiffeur, au coin de l'escalier des Dunes, avait un perroquet. » Paulette Debenest.
Festivités (page : 90)
"La plus importante fête religieuse, ou la plus spectaculaire, était la Fête-Dieu au mois de juin. Chaque paroisse faisait de longues processions avec des arrêts à des reposoirs, vastes autels brillamment décorés, installés sur le trajet. Par exemple, la procession de Notre-Dame se déroulait sur la place du Marché. En tête de la procession, l'hostie, consacrée dans un ostensoir généralement en or, était portée par un prêtre sous un dais en tissu argent et or. Les collèges Saint-Stanislas et Saint-Joseph faisaient la même chose dans leurs cours et le passage de la procession était décoré de sciure de bois colorée et agrémentée de pétales de roses. Les communions solennelles étaient également des cérémonies trés importantes. En mai, à partir de l'Ascension, les dimanches dans les rues, on voyait des centaines d'enfants, brassard pendant au bras et missel dans la main" Jacques Laurin
Les Poitevins et le progrés (page : 77)
« Quand mes grands-parents sont venus habiter rue de Champagne, vers 1905, la maison n'avait ni électricité, ni eau courante. L'éclairage se faisait avec des lampes à pétrole. L'usine électrique était boulevard du Grand Cerf. Il y avait aussi l'usine à gaz, avant le gaz de Lacq, gaz de houille, à l'emplacement de Rivaud. Deux énormes réservoirs à gaz, gazomètres, dominaient les serres Thimothée. Avant la guerre, personne n'avait l'eau courante. De ce fait, dans chaque rue, chacun venait chercher son eau à une borne-fontaine. C'était public et gratuit. Quand nous habitions rue de la Chanterie, elle était presque au pied de la maison et cela faisait partie de l'animation de la rue. » Jacques Rivereau.
Temps de guerre (page : 108)
« J'ai longtemps conservé deux cartes-photos prises par mon beau-père, J.-B. Raymond. L'une représente une voiture américaine, le 11 novembre 1918, devant l'hôtel de ville, avec ma femme assise sur le marchepied. C'était une Ford FT, haute sur pattes, avec quatre ou cinq Américains et la foule autour. C'était surtout des jeunes, bien entendu... » Aomar Necer.
Temps de plaisirs (page : 123)
« Comme promenades, il y avait les grottes de la Norée, la Cassette, le champ de tir en pleine campagne. J'ai connu le Fleuve Léthé, surtout après la guerre, son bal, son bac à chaîne. Un nombre incroyable de mariages eut lieu là-bas : beaucoup de mariés s'y sont d'ailleurs connus. Il y avait les bains Jouteau, où on allait avec l'école pour apprendre à nager. C'était un lieu de rencontre aussi important que la rue Gambetta. En face, se trouvait la piscine Taffé, sur la promenade des Cours, elle aussi très fréquentée, mais qui n'avait pas l'aura de Jouteau. On se baignait dans le Clain à partir du mois de mai. Des canadiens se louaient chez Jouteau : petits bateaux faits avec du bois précieux, où on montait à deux ou trois, sans pouvoir descendre le Clain, juste pour aller jusqu'au restaurant des Trois Îlots. » Jacques Rivereau.
Travail au quotidien (page : 37)
"Je suis arrivée à Poitiers en 1946, en provenance de Paris. Mes beaux-parents tenaient le café du Théâtre. Nous avons pris la suite avec mon mari en 1956. La famille Mauduit a tenu ce café de 1931 à 1974. Il y avait deux types de clientèles : la première était celle des gens qui venaient de la campagne. Ils venaient chercher des sous à la banque, posaient leurs paquets chez nous et reprenaient leur bus le soir, et cela régulièrement, jusqu'à ce qu'ils aient une voiture. L'autre clientèle était celle des étudiants. A partir de là, c'en était fini des chopines ! On a surtout servi des cafés et des demis. On recevait aussi la clientèle du théâtre, juste à côté, pendant les entractes et à la sortie des spectacles. Les artistes, quant à eux, passaient par derrière dans la rue du Plat d'Etain. On en a vu de célèbres ! On était ouvert très tard, tous les jours, y compris le dimanche. On ne prenait jamais de vacances..." Odette Mauduit.
Vie de tous les jours (page : 52)
« Comme les dames de la ville ne pouvaient pas laver leur linge, ma grand-mère, qui était lavandière, allait chercher le linge sale chez ses clientes tous les matins. De l'eau bouillait dans un chaudron de cuivre et c'est là qu'intervenait mon grand-père : il prenait de l'eau bouillante avec son ponneau doté d'un manche et il arrosait le linge, jusqu'à ce qu'il soit propre. Ensuite, les trois femmes prenaient le linge avec deux brouettes. Puis, elles allaient sous le hangar où coulait le Clain en permanence, elles mettaient les genoux dans des cassettes et elles rinçaient avec des battoirs. Pour le faire sécher, elles déposaient le linge sur un grand étendoir dans un pré et le rapportaient à ma grand-mère, une fois sec. Le lendemain matin, elle prenait son cheval et sa voiture à quatre roues, elle emmenait le linge propre chez ses clientes et en ramenait du sale et ainsi de suite. Des lavandières, il y en avait comme ça tout le long du Clain, jusqu'au pont Joubert. Je vous parle de cela, c'était avant la Première Guerre mondiale. » Paul Caillaud.
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