Sur les pas de l'avironneur* Gustave BOUCHET en 1850, puis avec son petit-fils Jean en 1906, découvrez les anciennes activités des principales rues commerçantes de notre cité, en flânant dans le centre-ville. Richement illustré par une centaine de cartes postales et par plus de 300 factures et publicités d'époque, c'est plus de 1500 commerçants cités, 600 commerces décrits ... dont une soixantaine encore en activité en 1995, au même endroit et dans la même spécialité. * avironneur : marchand ambulant (extrait du lexique des vieux métiers placé à la fin du livre).

Quelques extraits du livre

AUTOUR DE L'EGLISE NOTRE-DAME (page : 33)

Au début du siècle, lorsque Jean BOUCHET arrive place du Marché-Notre-Dame, la rue de Mexico est creusée depuis de longues années (1860), les boutiques adossées à l'église Notre-Dame ont été démolies, le marché Notre-Dame est en plein essor, et le bâtiment dit" Vignolle" est construit. Nous laissons de côté les commerces situés aux numéros 195 à 217 de la Grand'Rue. D'autres commerces situés sur la place font partie intégrante en 1906 de la rue du Marché-Notre-Dame: celle-ci commence en effet près du numéro 32 de la rue de la Regratterie, par son numéro 2 correspondant à "l'Epicerie du Bon Marché", et se poursuit jusqu'au numéro 40 de l'hôtel-restaurant MOINE.

DE LA PLACE D'ARMES A LA RUE DU MARCHE-NOTRE-DAME (page : 134)

En reprenant la rue des Grandes-Ecoles en sens inverse, Jean rencontre, au n°1 la couturière DEMONTIER et le marchand de pianos et de musique Albert ALLIAUME, au n'5 le négociant en meubles E. LEBON "Aux Grands Magasins du Centre", puis au n°7 le tapissier FAYOUX qui reprendra en gérance le magasin précédent et l'étendra progressivement jusqu'au n°1, spécialisé «en ameublements complets en tous genres, de tous styles, grand choix de salles à manger, chambres à coucher, salons, cabinets de travail, glaces, literie, tentures, tapis, meubles en cuivre et fer et cuivre, linoléum, rayon spécial de meubles en hêtre et bois blanc, location générale mobilière, spécialité de beaux et bons mobiliers d'occasion, prix modérés, rapidité de livraison, pas de succursales»

DE LA PLACE DU MARCHE-NOTRE-DAME A LA PLACE DU PALAIS-DE-JUSTICE (page : 47)

Lorsque Jean BOUCHET prend la rue de la Regratterie un demi-siècle plus tard, celle-ci a très peu changé, bien que la rue de la Petite-Roue soit amputée d'une grande partie depuis l'ouverture en 1895 de la rue de l'Université reliant la rue de la Tête-Noire à la rue Cloche-Perse. Le document ci-contre restitue ce que Jean BOUCHET peut observer à l'entrée de la rue de la Regratterie, au coin de la place du Marché-Notre-Dame. A gauche, au n°32, dernier numéro pair de la rue, va s'ouvrir la boutique du matelassier QUERON Père «travail à façon en ville et à la campagne, meubles et literie» et dont l'originale publicité, sur un matelas fixé en hauteur au-dessus de la balustrade, annonce des sommiers à partir de 25 F.

GRAND'RUE (page : 13)

Souvent lorsqu'il remonte la Grand'Rue, Jean BOUCHET s'arrête au n°11, au coin de la rue du Pigeon-Blanc, chez son grand ami VINCENT le bourrelier. Joyeux, il entre dans cette extraordinaire boutique où un nombre impressionnant d'outis tapissent le mur du fond ; il est conquis par les colliers, les brides, les sellettes et leurs ornements de cuivre. Ces quelques minutes au milieu des pinces, alênes, berlingots de poix, chez celui que l'on surnomme "le marquis de la croupière" sont à chaque fois un éternel ravissement pour l'enfant.

PLACE D'ARMES (page : 83)

Lorsque Jean BOUCHET arrive en haut de la rue des Basses-Treilles, il voit sur sa gauche la maison de la Tourelle et en face le Théâtre. Devant le Théâtre, en dehors des spectacles, se dressent les étals des fleuristes. Le Théâtre Municipal (drame, comédie, opérette, vaudeville), dont le directeur est M. D. PRUNET, a un bureau de location ouvert chez le concierge, tous les jours de 9 heures du matin à 4 heures de l'après-midi; le prix des places varie de 0,50 F en troisièmes loges à 3 F pour les premières loges et les fauteuils d'orchestre. La saison d'opéra comprend vingt-quatre représentations, et les places sont un peu plus chères, jusqu'à 3,50 F; il faut compter 25 centimes pour chaque place prise en location. En face se tient le café de la Comédie de G. MEXIA-MOREAU, qui met à la disposition de ses clients un chasseur, et qui possède une sonnerie électrique communiquant avec le Théâtre, annonçant la fin des entractes.

QUARTIER MAGENTA (page : 117)

Jean BOUCHET arrive au croisement de la rue de Magenta avec la rue de l'Est et la rue Neuve-de-la-Baume. Jean revient sur ses pas et se trouve devant le marché Saint-Hilaire (...). Le marché Saint-Hilaire, inauguré le 17 mars 1859, est ouvert au public dès le 27 du même mois. C'est un bâtiment de 48 mètres de long, 15 mètres de large, 8 mètres de hauteur du sol au cheneau, composé de vingt-trois magasins souterrains, quatre entrées de 3 mètres de largeur, cent dix compartiments de 2,15 mètres sur 1,40 mètre. La charpente est en fer, la couverture en zinc. On y trouve des bouchers, un poissonnier, des charcutiers, des jardiniers, des marchands de gibier, des marchands de volailles, des casiers, des marchands de graines, des fleuristes; au centre du marché coule une petite fontaine. Jean croise parfois le langayeur inspectant les étals des charcutiers.

RUE CARNOT (page : 98)

Après avoir parcouru le début de la rue Carnot, Jean BOUCHET tourne à gauche dans la rue Saint-Nicolas (vers la rue Magenta); cette rue est peu importante en longueur mais très riche en commerces. Du côté gauche, se trouvent au n°2 et au n°4 respectivement les restaurateurs BORDERON et CHAIGNEAU, et au n°6 le coiffeur BOUARD (à ce n°6, quelques années auparavant, Henri ROULEAU, successeur de Lucien BONNEVILLE fabriquait ses bouchons, fournissait certains taponniers de la région, et vendait ses planches pour école de natation.)

RUE DE LA CATHEDRALE (page : 175)

Lorsqu'il quittait la rue des Cordeliers, après avoir repris une partie de la rue du Marché, Gustave BOUCHET arrivait dans la rue Notre-Dame-la-Petite. Celle-ci se poursuivait, à partir de la rue du Petit-Maure, par les rues Saint-Paul puis Saint-Pierre, avant d'aboutir à la Cathédrale. Gustave retrouvait dans cette rue très commerçante une multitude d'arteficiens.

RUE DES CORDELIERS (page : 165)

Jean remonte la rue sur le trottoir de droite. Au n°2 il remarque la boutique de vêtements "Au Pont Neuf" de E. MATHIAS «maison de confiance, prix fixe, vêtements confectionnés pour hommes, jeunes gens et enfants, vente au comptant, sans escompte, rayon spécial de vêtements sur mesure, 25 % meilleur marché que chez les tailleurs, articles de travail, chemiserie, chapellerie, dépôts à Civray et à Couhé-Vérac». Ces locaux vont bientôt être détruits, ce qui motivera le transfert du magasin rue Gambetta. Jean longe ensuite la grille du square du Palais Ducal, là où, au milieu du XIXe siècle, s'agglutinait une cohorte de maisons et de commerces contre la tour. Leurs propriétaires furent expropriés en 1847 pour une somme globale de 75 000 F.

RUE DU MARCHE-NOTRE-DAME (page : 147)

Jean BOUCHET quitte la rue de l'Eperon, emprunte sur sa gauche l'extrémité de la rue de l'Ancienne-Comédie, croise la rue du Pont-Neuf et gagne la rue du Marché-Notre-Dame; à cette époque, il peut également emprunter la rue Henri-Oudin, ouverte en 1903, pour s'engager dans la rue du Marché-Notre-Dame.

RUE GAMBETTA (page : 69)

Au n°37, il entre dans la "Grande Epicerie Parisienne" ayant pour Poitiers le monopole de la vente des produits alimentaires, confiseries, confitures et chocolats de la maison Félix Potin de Paris. Une publicité de 1895 annonçait «la maison E. ROCHAS s'est toujours appliquée à vendre des produits pour ce qu'ils sont, pour ce qu'ils valent, sous leur vrai nom, sans jamais tromper les acheteurs sur la qualité, ni sur la quantité, ni même sur l'apparence. La façon loyale dont les affaires y sont traitées a valu un grand succès à l'Epicerie Parisienne de Poitiers qui est devenue une des plus vastes et une des plus importantes de la province: aussi son titre a-t-il été pris par un grand nombre de maisons dans la région ce qui oblige la maison E. ROCHAS à prévenir sa clientèle qu'elle n'a ni dépôt, ni succursale en dehors de Poitiers, ni aucune solidarité avec ces maisons qui, pour induire en erreur acheteurs et fournisseurs, copient presque textuellement ses étiquettes, son catalogue et ses autres imprimés». L'intérieur du magasin est impressionnant.